© Anne de Carbuccia
"Water at Dusk”, l’exposition visionnaire d’Anne de Carbuccia au Musée Océanographique de Monaco, remporta un vif succès et sensibilisa le public sur la beauté et la fragilité majestueuse du continent antarctique. Quel plus bel endroit que Monte-Carlo pour accueillir une des artistes les plus actives et créatives du moment en matière de sauvegarde des océans et de la planète ?
« Monaco est une terre fertile pour les protecteurs de l’océan. Regarder la mer Méditerranée dans les yeux, chaque jour, est un privilège qui nous oblige. » S.A.S. le prince Albert II de Monaco, président d’honneur de l’Institut Océanographique.
S.A.S. Prince Albert II of Monaco, Honorary President of the Oceanographic Institute and Anne de Carbuccia
Anne de Carbuccia est née à New York, a grandi à Paris et vit entre Milan et le reste du monde. Elle a fréquenté l’université Columbia à New York où elle a étudié l’anthropologie et l’histoire de l’art. De retour à Paris, elle a travaillé pour Drouot, l’une des maisons de vente aux enchères les plus anciennes au monde. Elle s’y découvre une passion pour la culture et l’art anciens et primitifs. Plus tard, elle s’est intéressée à la photographie et au cinéma comme moyen de voir ces objets dans un contexte contemporain.
Artiste de grand talent, Anne de Carbuccia parcourt désormais le monde pour filmer les endroits les plus vulnérables et pour rencontrer les acteurs du changement.
Lors d’une expédition de tournage en Antarctique, elle a conçu l’idée de "Time Shrines" (“Autels du temps”), qui intègre sa fascination pour la culture ancienne, la photographie et les installations. Depuis lors, elle a effectué de nombreuses expéditions qui consistent à créer et à mettre en scène ces ‘Time Shrines’ dans des environnements symboliquement significatifs. Elle y incorpore en outre des éléments organiques et des objets trouvés, soigneusement choisis pour leur signification symbolique. L’installation nous invite à réfléchir à nos origines, à comprendre qui nous sommes et ce que nous voulons pour l’avenir. En 2015, Anne a fondé l’organisation à but non lucratif Time Shrine Foundation, afin de financer les efforts de sensibilisation et de protection des environnements et des cultures vulnérables.
Anne de Carbuccia's short film about the oceans, premiered at 75o Venice Film Festival © Anne de Carbuccia
Son passage au Musée Océanographique de Monaco en 2016 est resté dans la mémoire de tous les passionnés des océans et de notre planète.
Expositon Water at Dusk - Time Shrine project by Anne de Carbuccia at Musée Océanographique de Monaco, 2016
Neuf œuvres de grand format, des clichés qui sont autant de natures mortes dans lesquelles Anne, à l’instar des artistes du xvie siècle, insère les symboles de la vanitas (le crâne et le sablier) pour souligner la beauté, mais aussi le caractère éphémère de la création dans un avertissement constant à l’humanité tout entière.
"L'avenir de notre planète est plus que jamais entre nos mains, j'espère avec mon travail créer l'inspiration pour un monde meilleur, plus durable et plus fort pour les générations futures", déclare l'artiste.
Water at Dusk - Time Shrines project by Anne de Carbuccia at Musée Océanographique de Monaco
Anne de Carbuccia est infatigable et fait partie des personnes qui font avancer les choses : des expositions permanentes à New York et à Milan, des projets éducatifs dans le monde entier, des photos et sanctuaires dans les musées et expositions itinérantes ; elle met actuellement la dernière main à son nouveau film, One Planet One Future, un long-métrage qui la suit dans ses expéditions pour créer son art et rencontrer les nouvelles générations de femmes et d’hommes qui se battent pour sauver notre planète. Sa narration nous raconte leurs histoires et démontre la diversité de ces jeunes protagonistes qu’elle appelle "Protecteurs de la Terre".
Avec enthousiasme et générosité, Anne de Carbuccia nous a accordé une part de son précieux temps pour nous parler de son art et de son engagement.
Pouvez-vous nous parler de votre exposition au Musée océanographique de Monaco ? Même si cette exposition a déjà quelques années, elle reste une empreinte majeure dans votre parcours…
« J’ai vraiment eu beaucoup de chance de pouvoir commencer à exposer au Musée océanographique de Monte-Carlo. C’était merveilleux, le lieu est très beau et face à la Corse, mon île. C’était une exposition formidable qui représentait mon travail sur l’Antarctique. Le projet a été très important pour moi car c’était en janvier 2016, au début de mon projet ‘Time Shrines’ (‘Autels du Temps’). Ce sont deux de mes amies collectionneuses monégasques, Sandrine Fejoz et Leticia de Massy, qui ont organisé cette exposition au Musée océanographique. Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce musée est que sa fonction est d’allier l’art et la science, ce que je trouve fondamental et que je fais toujours. J’essaye d’intégrer des faits scientifiques dans mon travail parce que, évidemment, il y a un côté informatif et documentaire dans mon travail artistique, mais aussi et surtout scientifique, et c’est ce que fait ce musée par excellence depuis sa fondation grâce au prince Albert Ier. »
Sandrine Fejoz, DG of F2IAM (Fond d'Innovation d'Impact et d'accélération Monégasque)
Depuis 1992, diverses nations aux quatre coins de la planète célèbrent la Journée mondiale des océans. Pour l’édition 2019, vous avez été invitée au siège des Nations unies à New York pour prononcer un discours sur le thème du genre et de l’océan. En effet, ce sont principalement les femmes qui sont à l’avant-garde des efforts internationaux visant à sensibiliser et à promouvoir la participation à des projets destinés à sauvegarder –voire à sauver – notre planète des forces destructrices de l’activité humaine. Pourquoi, à votre avis, en est-il ainsi ?
« Oui, il y a beaucoup de femmes en première ligne, notamment dans les pays où ils ont déjà des défis environnementaux très importants. Ce sont principalement les femmes qui s’occupent de leurs familles, de leurs tribus, de leurs communautés, et ce sont donc très souvent elles qui sont manifestement confrontées à ces défis, qu’il s’agisse du changement climatique, des océans ou des phénomènes extrêmes qui se produisent. Elles sont beaucoup plus conscientes des défis à relever et beaucoup plus désireuses de faire la différence et de trouver des moyens différents de remédier à ces problèmes. »
“Lady Lusa” by Anne de Carbuccia, West Papua, 2018 © Anne de Carbuccia
Les nouvelles générations, qu’il s’agisse de jeunes hommes ou de jeunes femmes, semblent beaucoup plus conscientes des dangers qui menacent notre planète et s’engagent davantage à agir efficacement que leurs parents ou leurs grands-parents. Cela ne devrait peut-être pas nous surprendre, car ce sont eux qui devront payer pour les péchés de leurs pères. Grâce aux médias sociaux, les jeunes sont en mesure de faire entendre leur voix d’une manière que les générations précédentes ne pouvaient même pas imaginer. Quelles sont les choses que les jeunes peuvent faire dès maintenant pour avoir un effet positif maximal ?
« J’ai très peu de leçons à donner aux jeunes car ils vivent une réalité que les générations précédentes n’ont jamais connue. Nous n’avons jamais pensé que notre plage préférée, notre forêt adorée, la montagne de notre enfance pourraient un jour ne plus exister. Tout ce que je peux offrir, c’est mon soutien, en créant une prise de conscience. À mon avis, le plus important est que les enfants prennent réellement conscience de leurs droits intergénérationnels. Ce que nous, les adultes, faisons, ce que les gens au pouvoir font, ne suffit pas à respecter l’accord de Paris, qui définit les engagements dus pour les dix prochaines années. Cela signifie que les générations de dirigeants et de citoyens postérieures à 2030 devront faire des sacrifices presque impossibles. La justice intergénérationnelle est quelque chose de très important, et de plus en plus de personnes dans les institutions considèrent que le changement climatique et le réchauffement de la planète vont poser un défi sans précédent en matière de droits de l’homme. Étant donné l’importance du sujet, j’ai préparé une leçon numérique sur les droits de l’homme en matière d’environnement, qui sera bientôt disponible sur notre site Web. »
Tout le monde parle des questions environnementales aujourd’hui, et le marché en profite. Mais les apparences sont souvent trompeuses : tout ce qui est étiqueté “biologique” ne l’est pas nécessairement ; les vêtements présentés dans les publicités comme étant faits de tissus durables ne sont pas nécessairement recyclables. Nous imaginons qu’il en est de même dans l’art. L’art opportuniste mais superficiel risque-t-il de diluer le message et de nuire à son efficacité ?
© Anne de Carbuccia
« J’avais l’habitude d’être très stricte, très attentive au green washing et au blue washing. C’est également pour cette raison que j’ai décidé de créer des fondations, et que je n’accepte jamais de travailler avec des marques commerciales, mais uniquement avec des institutions, des villes et des particuliers. Aujourd’hui, j’ai un peu changé d’approche car la situation est tellement grave que même si les gens le font de manière un peu superficielle, au moins ils parlent de ces questions. Il y a des personnes dans le monde qui ont beaucoup d’influence, et même si elles ne sont pas profondément sincères, elles peuvent vraiment faire la différence grâce à leur influence. Aujourd’hui, nous sommes dans une telle situation d’urgence que tout peut être bon, du moment que l’on en parle. Comme on dit en français, j’ai mis beaucoup d’eau dans mon vin sur cette question. »
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Water at Dusk, Anne de Carbuccia's visionary exhibition at the Oceanographic Museum in Monaco, was a great success and raised awareness of the majestic beauty and fragility of the Antarctic continent. What better place than Monte-Carlo to welcome one of today’s most active and creative artists working tirelessly to save the oceans and the planet.
Water a Dusk by Anne de Carbuccia © Anne de Carbuccia
"Monaco is a fertile ground for the protectors of the Ocean. To look the Mediterranean Sea in the eye, every day, is a privilege that obliges us." – H.S.H. Prince Albert II of Monaco, Honorary President of the Oceanographic Institute.
Anne de Carbuccia was born in New York, grew up in Paris and lives between Milan and the rest of the world. She attended Columbia University in New York, where she studied Anthropology and Art History. Once back in Paris, she worked with Drouot, one of the world’s oldest auction houses. There she discovered a passion for the art and culture of ancient primitive peoples. Later she developed an interest in photography and cinema as means of seeing these objects in a contemporary context. An artist of great talent, Anne de Carbuccia travels throughout the world to film its most vulnerable places and meet those who are leading efforts to make changes.
During a filming expedition to Antarctica, she came up with the idea of “time shrines”, combining her fascination with ancient cultures, photography and art installations. Since then, she has embarked on a number of expeditions to create her Time Shrines in environments of great symbolic significance. She incorporates organic elements and objects found along the way, carefully selecting them for their symbolic meaning. The installations then invite us to reflect on our origins, on who we are and what we want for the future. In 2015, Anne founded the non-profit Time Shrine Foundation in order to finance efforts to create awareness and protect vulnerable cultures and environments.
Water a Dusk by Anne de Carbuccia © Anne de Carbuccia
Her 2016 exhibit at the Oceanic Museum of Monaco is imprinted on the memory of all those who are passionate about our planet’s oceans. The visionary Water at Dusk show put all the majestic beauty and fragility of Antarctica on full display for an admiring and enthusiastic audience.
Nine large-format works were presented, still-life scenes featuring the skull and hourglass motifs reminiscent of the 16th century’s preoccupation with the theme of vanitas. This served to underscore the beauty but also the ephemeral nature of the creation, as a constant warning to all humanity.
“The future of our planet is in our hands, now more than ever,” the artist says. “With my work, I hope to inspire hope for a better world, one that is stronger and more sustainable for future generations.”
“Key hole” © Anne de Carbuccia
Anne de Carbuccia is indefatigable, and she is one of those people who knows how to make things happen: permanent exhibits in New York and Milan, educational projects around the globe, photos and shrines in museums and travelling exhibits. At the moment, she is putting the final touches on her new film, One Planet One Future, a full-length feature film that follows her on her expeditions to create her art and meet the new generation of women and men fighting to save our planet. Her narration tells their stories and showcases the diversity of these young people she calls Protectors of the Earth.
Anne de Carbuccia generously and enthusiastically shared some of her precious time to talk to us about her art and her activism.
© Anne de Carbuccia
Could you talk to us about your exhibit at the Oceanic Museum of Monaco? Even though it was a few years ago, it remains a significant milestone on your path.
“ I was very lucky to have had an exhibit at the Oceanographic Museum in Monte-Carlo. It was wonderful! The space is magnificent, and it faces Corsica, my island. It was a marvellous exhibit, presenting my work in Antarctica. The project was very important for me as it was in January 2016, at the very beginning of my ‘Time Shrines’ project. Two Monegasque collector friends, Sandrine Fejoz and Leticia de Massy, organised the exhibit at the Oceanographic Museum. It was the first ‘Time Shrine’. What I really loved about the museum is the way it works to ally art and science, which I think is fundamental, and it’s what I have always done. I try to integrate scientific fact into what I do because there is obviously an informative and documentary aspect in my artistic work, but also and especially in my scientific work. This is what this museum has done so very well since it was founded by Prince Albert I.”
Water at Dusk: Anne de Carbuccia's photo exhibition at the Oceanographic Museum of Monaco, 2016. Leticia de Massy, Princess Antoinette's granddaughter and Christian de Massy's daughter, is in charge of the Heritage Institute and invested in the life of the Principality © photo David Atlan.
Since 1992, various nations in every corner of the Earth celebrate World Oceans Day. For the 2019 edition you were invited to the headquarters of the United Nations in New York to speak on the theme of Gender and the Ocean. It is true that it’s especially women who are at the avntgarde of international efforts to grow awareness and promote participation in projects to protect – indeed, to save – our planet from the destructive forces of human activity. Why do you think this is so?
“Yes, there are many women on the front, particularly in countries where there are already significant environmental challenges. It’s most especially women who look after their families, their tribes, their communities, so very often it is most evidently women who have got to face these challenges, whether it concern climate change or the oceans and the extreme phenomena that occur. It’s women who are most aware of the challenges and have the greatest desire to make a difference and find new ways of addressing these problems.”
The younger generation, both women and men, seem to be more aware of the dangers that threaten our planet, and more motivated to take effective action, than their parents or grandparents.
Perhaps it should come as no surprise, considering the fact that they are the ones who will have to pay for the sins of their fathers. Through social media, young people are able to make their voices heard in a way that the previous generations could never have even imagined. What can young people do now to have the maximum positive effect?
“I have few lessons to teach young people because they are living through things that previous generations have never seen. When we were young, we never thought that our favourite beach, our beloved wood, the mountain of our youth, might one day no longer exist. All I can do is offer my support, create awareness.
« Our Ocean » de Anne de Carbuccia
“In my opinion, the most important thing is for young people to be truly aware of their intergenerational rights. What we adults are doing, what those in power are doing, is not enough to respect the Paris Accords, which define the requirements to be met over the next 10 years. This means that the generations of leaders and citizens after 2030 will be forced to make almost impossible sacrifices. This intergenerational justice is something of vital importance, and more and more people in our institutions consider climate change and global warming to be an unprecedented challenge to human rights. Considering the importance of the topic, I prepared a digital lesson on human rights as related to the environment. It will be available on our website very soon.”
“High Attitude Trash” © Anne de Carbuccia
Today everyone is talking about environmental questions, and the market is taking advantage of it. In short, green is cool. But appearances can be deceiving: all the things that carry an ‘organic’ label are not necessarily organic; all articles of clothing that are presented in adverts as being made of sustainable materials are not necessarily recyclable. We imagine that it’s the same thing with art. It’s quite clear that you are dedicated to your art and that you approach your media, your methods and your messages with honesty and determination. Unfortunately, this is not true of everyone. Is there a risk that superficial, opportunistic art will dilute the message and compromise its effectiveness? Or is this of little importance, as long as the important questions are being talked about, even if superficially?
“I used to be quite strict, very attentive to ‘green washing’ and ‘blue washing’. This is partly why I decided to create the foundations and why I have never collaborated with commercial brands but only with institutions, cities and private individuals. I have since softened my approach a little because the situation is so serious that even if people are doing it superficially, at least they’re talking about it. There are people around the world who have a lot of influence. Today we are in a situation of such marked emergency that any way of talking about it all is good as long, as it’s all being talked about. As they say in French, I’ve put a lot of water in my wine on this issue.”
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